Christophe Loyer

Fanny Pochon ou l’art de la rencontre

S’il fallait comparer une oeuvre à un arbre, le dessin constituerait sans doute la racine de celle de Fanny Pochon. À partir de cette matrice du trait pur et de l’espace qui s’ouvre autour de lui, son travail déploie ainsi une triple ramure : peinture, animation, bois flottés.

Le dessin chez elle a, d’emblée, donné lieu à des séries ou déclinaisons à partir de la rencontre entre deux êtres, formant ainsi le lieu d’une danse fragile et silencieuse entre un personnage et un objet, puis entre deux personnages, humain ou animal. D’une façon naturelle, ces séries de dessins s’articulèrent et s’animèrent, comme autant de transformations ou métamorphoses de ces situations.

Parallèlement, son travail de peinture s’attacha à approfondir une certaine relation au hasard qui semblait présider à ces rencontres: comment, par le biais d’une gestuelle et d’une écriture semi automatique, laisser surgir les latences, l’arrière-pays de ces histoires, le motif insaisissable et peut-être abstrait dont elles seraient les variantes.

C’est sans doute encore Ă  partir de cette question de la rencontre imprĂ©vue et de sa problĂ©matique lecture, que s’inscrit la très longue mĂ©ditation autour des « bois flottĂ©s Â», particules parfois infinitĂ©simales, fragments d’histoires jamais Ă©crites, pièces Ă  peine lisibles d’un puzzle infini et infiniment ramifiĂ©. Dans chacun de ces tĂ©moins prĂ©cieux et pourtant dĂ©risoires, fruits des alĂ©as des marĂ©es et des pas du promeneur, Fanny Pochon voit effleurer quelque chose d’essentiel Ă  toute sa recherche: un noeud mystĂ©rieux entre hasard, libertĂ© et nĂ©cessitĂ©.

Christophe Loyer   2010